Covid-19 : un essai clinique avec du sang de ver marin va enfin pouvoir commencer

L'hémoglobine de ver marin va être l'objet d'essais thérapeutiques. Hemo2life, le produit mis au point par l'entreprise morlaisienne Hemarina a vu son protocole d'essai approuvé par l'ANSM le 29 mars et par le Comité de protection des personnes ce vendredi 3 avril.

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Preuve de l'urgence de la situation : la décision de l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) avait été prise en pleine nuit le 29 mars. Elle validait le protocole d'essai d'Hemo2life dans la prise en charge des patients souffrant du syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA). La SDRA est responsable des décès des patients infectés par le Covid-19.
Il ne manquait plus que l'accord du Comité de protection des personnes pour lancer les essais thérapeutiques. C'est chose faite depuis ce vendredi 3 avril au soir.  

"On a les deux feux verts administratifs pour pouvoir commencer", a annoncé Franck Zal, à la tête de la société Hemarina basée à Morlaix. Un essai clinique consistant à administrer à dix malades du Covid-19 une solution issue du sang d'un ver marin aux propriétés oxygénantes va donc pouvoir démarrer en France.
 

Essai sur dix patients à Paris


L'essai concernera dix patients et doit avoir lieu dans l'un des deux hôpitaux de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), la Pitié-Salpêtrière ou Georges-Pompidou,
qui disposera de ces produits. "Dans un premier temps, on aura un test de safety (sécurité) et d'efficacité pour pouvoir voir un signe d'oxygénation pour des personnes qui vont tomber vers la réa", a précisé Franck Zal. Il s'agit "d'éviter, de tenter d'éviter, que les patients arrivent trop vite en réanimation".

"Nos résultats seront publiés dans le respect des règles scientifiques et des personnes recevant la molécule. Dans ce temps de crise #COVID-19 l'#opensource est la règle", a réagi Laurent Lantieri, l'un des responsables scientifiques du projet Monaco, sur Twitter. 
 
"On voudrait que la recherche soit open source, que les data (données) soient publiées et ouvertes à la communauté internationale", complète Franck Zal.

Une centaine de doses d’Hemo2life avaient d’ores et déjà été acheminées vers les deux hôpitaux parisiens amenés à pratiquer les essais : l’hôpital Georges Pompidou et la Pitié-Salpêtrière.

C'est donc là-bas que les doses seront injectées par intraveineuse à dix patients qui sont en insuffisance respiratoire, mais qui ne peuvent être ni intubés, ni placés sous ECMO (une machine qui permet d’oxygéner le sang artificiellement), car ce sont des dispositifs très lourds qu’ils ne supporteraient pas, en raison de leur âge ou de leur état de santé.
Ces dix patients doivent aussi répondre à des critères précis : ne pas avoir de maladies du sang par exemple, et obtenir leur consentement (ou celui de la famille, si le patient est dans le coma.)

 

De l'hémoglobine de ver marin aux propriétés vertueuses


Le produit mis au point par Hemarina à Morlaix utilise les étonnantes propriétés de l'hémoglobine d'arénicole (ver marin) en matière de transport d'oxygène vers les organes et les tissus.
Franck Zal, docteur en biologie marine et patron d'Hemarina, estime que c'est un « respirateur moléculaire », qui pourrait remplacer les respirateurs artificiels utilisés actuellement.
 

Une découverte majeure


Franck Zal est soutenu par un grand nom de la chirurgie : il s'agit du professeur Lantieri, connu pour avoir réalisé en 2010 la première greffe totale du visage au monde. Interviewé par nos confrères de RTL ce matin, le professeur Lantieri a fait l'éloge de Hemo2life, le qualifiant de "découverte aussi importante que celle de la pénicilline. La pénicilline venait d'un champignon et là on prend une molécule qui vient d'un ver. Ce n'est pas en rupture par rapport à ce que l'on connaît", a-t-il ajouté.
Ses louanges sont fondées sur sa propre expérience : le célèbre chirurgien a utilisé Hemo2life pour conserver un greffon lors d'une transplantation il y a deux ans, et selon lui, "les résultats ont été tout à fait spectaculaires. J'ai dit clairement que je ne ferai plus de greffes sans cette molécule compte tenu des résultats que j'avais obtenus. (...) C'est comme si le greffon n'était pas sorti du donneur, comme s'il n'y avait eu que quelques minutes sans oxygène. C'était absolument extraordinaire."

D'où l'idée de dire peut-être que si on utilise cette molécule, eh bien, on pourra oxygéner des patients sans avoir recours à un respirateur. Peut être pas tout le temps, mais quelques heures, et ces quelques heures ou quelques jours nous permettent de gagner du temps. Et le temps, c'est extrêmement important dans cette bataille - Professeur Lantieri.


Basée à Morlaix (ouest), Hemarina possède sa propre ferme d'élevage de vers marins en Vendée, et disposait fin mars de 5.000 doses immédiatement disponibles avec une capacité d'en produire "assez rapidement" 15.000 autres. Il n'existe actuellement aucun traitement contre le Covid-19. Plusieurs études ont été lancées sur l'hydroxychloroquine, dont l'usage continue de faire débat. 


Interview de Franck Zal, réalisée mardi 31 mars 2020, avant l'approbation du protocole d'essai par l'ANSM le 29 mars puis par le Comité de protection des personnes vendredi 3 avril.



 
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